| Le producteur et fournisseur français d’électricité EDF a annoncé vendredi dernier des pertes historiques de 17,9 milliards d’euros pour l’année 2022. Ces pertes sont les pires pour une société française depuis celles de Vivendi (23,3 milliards d’euros) et de France Télécom (20,7 milliards) enregistrées en 2002. Les résultats d’EDF ont été « fortement pénalisés » par le bouclier tarifaire décidé par le gouvernement et par la baisse de la production d’électricité nucléaire, selon le groupe. Cette baisse est liée à l’arrêt temporaire de plusieurs réacteurs pour des problèmes de fissures. | |
| En 2021, les femmes ont gagné en moyenne 14,8 % de moins que les hommes en équivalent temps plein dans le secteur privé, soit un écart réduit de 0,4 point par rapport à 2020, selon une étude publiée jeudi dernier par l’institut national de statistiques Insee. Depuis 2008, les inégalités salariales se sont réduites de 6,1 points, précise l’étude. | |
| Mark Zuckerberg, le dirigeant du groupe américain Meta, la maison mère de Facebook et d’Instagram, a annoncé hier soir le lancement d’un service payant pour authentifier son compte sur ces deux réseaux sociaux, à partir de 11,99 dollars par mois (11,21 euros). Le groupe Meta a annoncé début février une baisse de 1 % de ses revenus annuels, son premier recul en 10 ans. Cette annonce survient quelques mois après la mise en place d’un abonnement similaire sur Twitter. Plusieurs entreprises de la tech ont annoncé ces derniers mois d’importantes réductions d’effectif. | |
| Le Parlement espagnol a définitivement adopté jeudi dernier un projet de loi permettant aux femmes souffrant de règles douloureuses d’obtenir un arrêt de travail, financé par la Sécurité sociale. Il s’agit d’une première en Europe. La majorité des élus de droite ont voté contre ce droit, estimant qu’il risquait de stigmatiser les femmes sur leur lieu de travail. Au Japon, où ce droit existe depuis 1947, moins de 10 % des femmes y avaient recours en 2021, selon une enquête réalisée auprès d’environ 2 000 femmes par le Nikkei BP Intelligence Group, un organisme de conseil aux entreprises. |
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Les conséquences économiques de la guerre en Ukraine
| Le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine. En près d’un an, cette guerre a bouleversé l’économie mondiale. Elle a entraîné une forte hausse des prix de nombreux produits, dont l’énergie, et a modifié la manière dont est organisé le commerce international. |
| | Il y a près d’un an, le 24 février 2022, le président russe, Vladimir Poutine, lançait ce qu’il appelait une « opération militaire spéciale » en Ukraine. Il la justifiait par sa volonté de « démilitariser » et de « dénazifier » ce pays. L’armée russe envahissait le territoire, tout en bombardant divers sites, dont Kiev, la capitale. Alors que cette offensive avait été pensée comme une guerre éclair, la résistance ukrainienne a surpris les forces russes.
À l’exception de la Chine, les grandes puissances économiques, comme l’UE, le Japon et les États-Unis, ont montré leur opposition au conflit en adoptant au fil des mois plusieurs séries de sanctions économiques à l’encontre de la Russie, chacune d’entre elles se voulant de plus en plus sévère. Plusieurs pays occidentaux ont aussi décidé de soutenir financièrement l’Ukraine, par exemple en lui envoyant du matériel militaire.
Depuis le début de la guerre, plus de 7 000 civils ont été tués en Ukraine, selon un décompte publié en janvier par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Il n’existe aucun bilan fiable concernant les pertes militaires. Au-delà du coût humain, ce conflit a un coût économique important pour l’Ukraine et pour la Russie, mais aussi pour le reste du monde. Il a entraîné de profonds bouleversements dans les échanges mondiaux. Brief.eco vous résume en quatre points les principales conséquences économiques de cette guerre. |
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Le coût direct de la guerre
| L’offensive russe a entraîné de très lourdes pertes économiques pour l’Ukraine, en raison des dépenses militaires ou des destructions. En septembre, le gouvernement ukrainien avait estimé ces pertes à près de 1 000 milliards de dollars, soit l’équivalent de cinq fois le PIB annuel du pays (la production totale de biens et services). En janvier, il a annoncé que le PIB de l’Ukraine avait chuté de plus de 30 % en 2022 par rapport à 2021. Le FMI, un organisme chargé de garantir la stabilité financière mondiale, estimait en janvier à 2,2 % le recul du PIB de la Russie en 2022. La guerre occasionne aussi un coût direct pour une quarantaine d’autres pays, dont la France, en raison du soutien militaire, financier ou humanitaire qu’ils apportent à l’Ukraine. Leur aide représentait jusqu’à mi-janvier l’équivalent de 143 milliards d’euros, selon l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale, un centre de recherche. |
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L’augmentation générale des coûts de l’énergie
| L’une des conséquences majeures de la guerre a été l’explosion des prix des énergies, en raison des sanctions visant la Russie, l’un des principaux producteurs d’hydrocarbures au monde. « Le résultat de ces sanctions, c’est que le marché de l’énergie est devenu incertain et les acteurs ont craint de manquer de gaz et de pétrole », expliquait le professeur d’économie Mathieu Couttenier dans un article d’avril. La hausse des prix s’est accentuée lorsque la Russie a décidé, à partir de l’été, de réduire ses exportations de gaz vers l’UE. Fin août, les prix du gaz ont dépassé sur les marchés à terme les 300 euros le mégawattheure, contre moins de 90 euros avant la guerre, avant de refluer depuis fin décembre. L’UE a revu son approvisionnement en achetant du gaz naturel liquéfié aux États-Unis et au Moyen-Orient. « Les marchés et les politiques de l’énergie ont changé à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, à court terme, mais aussi pour les décennies à venir », affirmait en octobre Fatih Birol, directeur de l’Agence internationale de l’énergie, qui regroupe 31 pays parmi les plus industrialisés du monde. |
| 8,8 %
Taux d’inflation mondiale
| | La flambée des prix des énergies a entraîné l’augmentation de ceux de nombreux biens et services, indirectement liés. L’inflation mondiale a atteint 8,8 % l’an dernier, selon les estimations du FMI. Il s’agit d’un niveau inédit depuis le milieu des années 1990. |
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Les effets sur les échanges commerciaux
| La guerre en Ukraine a bouleversé le commerce mondial. Les exportations des céréales de l’Ukraine, qui en est l’un des premiers exportateurs mondiaux, ont été bloquées pendant plusieurs mois, poussant l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient à revoir leur approvisionnement en se tournant vers l’Amérique latine et l’Australie. Plusieurs dirigeants, tels que la secrétaire américaine au Trésor et la présidente de la Banque centrale européenne, ont incité les grands groupes occidentaux à « relocaliser leurs chaînes d’approvisionnement dans des pays politiquement sûrs », hors de Russie, mais aussi de Chine, rappelait l’économiste Claude Serfati dans un récent article. Les entreprises ont diversifié leurs chaînes logistiques en se tournant vers l’Inde, l’Asie du Sud-Est et l’Europe centrale. Elles n’ont toutefois pas rapatrié leur production afin de limiter la hausse des prix, ajoutait Claude Serfati. Il citait l’exemple de l’iPhone : la relocalisation de sa production sur le sol américain « triplerait son prix pour le consommateur final ». |
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L’impact des sanctions sur l’économie russe
| Le PIB de la Russie a été moins affecté que prévu par les sanctions – le FMI tablait à l’origine sur un recul de 8 % pour 2022. Ce moindre recul s’explique d’abord par la valeur du rouble, que les autorités russes sont parvenues à stabiliser, par exemple en limitant les transferts d’argent de leurs citoyens vers l’étranger. Les exportations de pétrole russe ont aussi augmenté l’an dernier, en volume et en valeur, rappelait l’économiste Sergei Guriev dans un article de début février. Le PIB russe a enfin été soutenu par la production d’équipements militaires et de munitions. Cependant, les sanctions ont dans le même temps limité les importations de la Russie, ce qui a affaibli son industrie. Elles se sont depuis étendues : l’UE a suspendu début décembre ses importations de pétrole brut russe par voie maritime et début février celles de produits raffinés. Un rapport destiné au gouvernement russe, auquel le groupe financier américain Bloomberg a eu accès en septembre, prévoyait une amplification de la récession en 2023 en raison de l’intensification des sanctions. |
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| | Dans un article publié le 16 février dans la revue Contretemps, l’économiste Claude Serfati analyse les transformations de l’économie mondiale provoquées par la guerre en Ukraine. Il évoque certaines limites à la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement mondiales, comme la dépendance des pays occidentaux à des matériaux russes et ukrainiens tels que le gaz néon, indispensable pour les lasers utilisés dans la production de semi-conducteurs. | |
| Dans un entretien publié le 10 février sur le site du centre de recherches internationales de Sciences Po, l’économiste Sergei Guriev défend l’efficacité des sanctions internationales. Il estime que les sanctions pétrolières, qui ont débuté en décembre seulement, vont nettement amoindrir la capacité de la Russie à financer la guerre. | |
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L’impact de la guerre sur les prix des produits alimentaires
|  | Le conflit russo-ukrainien s’est rapidement traduit dans les pays de l’UE par des difficultés d’approvisionnement concernant plusieurs produits importés depuis l’Ukraine et la Russie, parmi lesquels des produits alimentaires de base. Cette situation a entraîné une hausse de leur prix venant aggraver l’inflation déjà en cours avec la reprise économique suivant la pandémie de Covid-19.
La Russie et l’Ukraine figuraient en 2021 parmi les premiers exportateurs mondiaux de blé, de maïs, d’orge ou encore de graines de tournesol, selon la FAO, l’agence de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture. Or, les exportations ukrainiennes de céréales ont été immobilisées durant plusieurs mois en raison d’un blocus dans les ports ukrainiens. Les prix des céréales et du pain ont fortement augmenté au deuxième trimestre 2022 dans l’UE, leur hausse dépassant les 10 % en avril par rapport à leur niveau de l’année précédente, selon les données de l’institut européen de statistiques Eurostat.
Les prix de certaines huiles fabriquées à partir de graines (colza, soja, tournesol) ont également fortement augmenté, tout comme ceux de la viande, les animaux d’élevage dépendant de céréales pour leur alimentation. La hausse du prix des œufs a dépassé 30 % sur un an dans les pays de l’UE en décembre. L’Ukraine était avant la guerre « le premier fournisseur sur le marché européen » en œufs et produits à base d’œufs, a expliqué à l’AFP en juin Jean-Paul Simier, contributeur du rapport Cyclope 2022, une publication annuelle d’une société d’études spécialisée dans l’analyse des marchés mondiaux de matières premières. | |
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Économie de guerre
| « La Russie est passée en économie de guerre, avec des usines qui tournent 24 heures sur 24 », a déclaré la semaine dernière la Première ministre estonienne, Kaja Kallas. Fin janvier, un porte-parole de l’Otan avait appelé les membres de cette alliance militaire de 30 pays, dont la France, à passer à une « économie de guerre » afin d’« augmenter la production dans l’industrie de la défense ». |
| Une économie de guerre désigne une forme d’économie dans laquelle les ressources d’un pays sont mobilisées prioritairement pour soutenir l’effort de guerre, par exemple à travers des réquisitions et des livraisons obligatoires.
« Dans ce cadre, l’État met sous tutelle une grande partie des entreprises et des ressources pour les intégrer dans une planification autoritaire afin de garantir aux armées la disponibilité des moyens dont elles ont besoin », précisait Renaud Bellais, codirecteur de l’Observatoire de la défense-Orion, un cercle de réflexion, dans un article publié en octobre. Les gouvernements peuvent aussi prendre des mesures visant à répondre aux besoins des civils, comme le rationnement alimentaire. Plusieurs pays tels que la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis, ont mis en place des économies de guerre lors des deux guerres mondiales.
En juin, Emmanuel Macron a repris cette expression en déclarant que la France devait passer à une « économie de guerre ». Il a annoncé en janvier une hausse de 40 % du budget alloué aux dépenses militaires pour la période 2024-2030, la justifiant par l’apparition de « nouveaux conflits ». Ces dépenses représentent environ 2 % du PIB de la France, soit le niveau recommandé par l’Otan. Par comparaison, les dépenses militaires des États-Unis ont représenté environ 37 % de leur PIB pendant la Seconde Guerre mondiale, selon Renaud Bellais. |
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Quel pays a consacré la part la plus importante de son PIB à l’aide à l’Ukraine ?
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|  | Ce numéro a été confectionné par Céline Boff, Nicolas Filio et Aude Villiers-Moriamé. |
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