Il est de plus en plus concurrentiel.

Cette semaine, dans Brief.eco, nous nous penchons sur le marché des lanceurs spatiaux. Nous nous intéressons au coût des niches fiscales en France. Nous vous expliquons ce qu’est un OGM et nous vous posons une question sur la Chine.

brief.eco|
12 juillet 2023

Cette semaine, dans Brief.eco, nous nous penchons sur le marché des lanceurs spatiaux. Nous nous intéressons au coût des niches fiscales en France. Nous vous expliquons ce qu’est un OGM et nous vous posons une question sur la Chine.

Ce numéro est le dernier avant notre pause estivale. Vous retrouverez votre édition habituelle le 30 août.

En attendant, nous avons le plaisir de vous annoncer que nous vous enverrons chaque mercredi une carte postale. Chacune d’entre elles vous présentera les dessous économiques d’un objet incontournable de l’été. Ce sera une façon pour nous de garder un lien avec vous ces prochaines semaines. Nous vous souhaitons un excellent été.

Ça compte
ÉMEUTES

Le coût des dommages liés aux violences urbaines ayant suivi la mort de Nahel M., tué fin juin par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine), a atteint 650 millions d’euros au 7 juillet, selon France Assureurs, la fédération française des sociétés d’assurances. 11 300 sinistres ont été déclarés, dont un tiers concernent les biens des professionnels et des collectivités locales. Le coût des dommages est plus de trois fois supérieur à celui des sinistres occasionnés par les émeutes de l’automne 2005, a précisé France Assureurs.

ÉNERGIE

La SNCF a annoncé jeudi dernier la création d’une filiale destinée à l’installation de centrales solaires sur les terrains possédés par le groupe ferroviaire. Baptisée SNCF Renouvelables, elle a pour objectif d’installer d’ici 2030 des capacités photovoltaïques équivalentes à un réacteur nucléaire. La SNCF est l’entreprise industrielle qui consomme le plus d’électricité en France, principalement pour faire circuler ses trains.

DÉFAILLANCES

La France a enregistré 13 266 défaillances d’entreprises au deuxième trimestre 2023, en hausse de 35 % par rapport au deuxième trimestre 2022, selon une étude publiée ce mercredi par le cabinet spécialisé Altares. Ce chiffre « dépasse désormais très nettement les niveaux d’avant crise » et « nous ramène à des seuils similaires à 2016, période marquée par les crises financières et européennes », précise-t-il. Les activités les plus touchées sont celles qui sont en lien direct avec les consommateurs (habillement, restauration rapide, alimentation générale, coiffure, réparation et vente de véhicules, etc.).

Lire notre dossier de 2021 sur la chute des grandes entreprises.
MEDEF

L’assemblée générale du Medef a élu jeudi dernier Patrick Martin à la présidence de ce syndicat patronal pour un mandat de cinq ans. Il succède ainsi à Geoffroy Roux de Bézieux. Président délégué du Medef depuis juillet 2018, Patrick Martin est le président de Martin Belaysoud Expansion, une entreprise spécialisée dans la distribution de matériel aux professionnels et dans la construction d’équipements pour les industries pétrolière, gazière et aéronautique. Patrick Martin a précisé ce mercredi sur RTL que ses priorités étaient la lutte contre les faillites et contre le manque de main-d’œuvre ainsi que la formation des jeunes.

On fait le point
Le marché des lanceurs spatiaux

Le lanceur européen Ariane 5 a effectué sa dernière mission la semaine dernière. Sa production a été arrêtée, ce lanceur étant devenu trop cher face à la concurrence, en particulier celle de SpaceX. Le marché des lanceurs est en plein développement, tiré par celui des satellites.

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L’actu
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La société européenne de droit français Arianespace a procédé mercredi dernier au 117e et dernier décollage du lanceur Ariane 5 depuis le port spatial européen de Kourou, en Guyane française. Il a envoyé en orbite deux satellites de télécommunications : un pour le gouvernement allemand et un autre pour le ministère français des Armées.

Les lanceurs Ariane 5, mis en service en 1996, sont arrêtés, car ils sont devenus trop chers pour le marché, selon le président exécutif d’Arianespace. L’entreprise prévoit de les remplacer à la fin de l’année par la nouvelle génération Ariane 6, dotée d’innovations permettant de réduire les coûts. Arianespace commercialise à travers le monde des services de lancement. Son principal actionnaire est le constructeur de lanceurs ArianeGroup, une coentreprise entre le constructeur aéronautique franco-allemand Airbus et le concepteur français de moteurs Safran.

Depuis sa création en 1980, Arianespace a lancé plus de 1 150 satellites. En 2017, SpaceX a réalisé 18 tirs, devançant Arianespace (11 tirs) et s’imposant alors comme le numéro un mondial en nombre de missions et en chiffre d’affaires.

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Clin d’œil
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L’éclairage
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L’utilité des lanceurs

Un lanceur est une fusée capable d’envoyer une charge utile dans l’espace. Localisée dans le dernier étage du lanceur, la charge utile peut être un satellite, une sonde spatiale, un télescope, un rover (véhicule d’exploration), du matériel ou un astronaute pour la Station spatiale internationale ou la station spatiale chinoise. À l’exception de certains éléments des lanceurs de SpaceX, les lanceurs traditionnels ne sont pas récupérables. Un autre type de lanceurs, la navette spatiale, est en grande partie réutilisable. Les lanceurs sont sollicités par deux catégories de clients : le marché institutionnel, qui regroupe les commandes émanant des secteurs de la défense et de la recherche scientifique, et le marché commercial, soit les commandes provenant des entreprises. Les lanceurs sont principalement utilisés pour envoyer des satellites, qui servent à fournir des services de télécommunications, de diffusion de programmes de télévision, de prévisions météorologiques, de surveillance du climat et de la végétation, de renseignement pour les États ou encore de navigation (avec les technologies comme celle du GPS).

Un marché de plus en plus concurrentiel

À travers Arianespace, l’Europe a longtemps été le numéro un dans le secteur du lancement spatial pour le marché commercial, le seul généralement ouvert à la concurrence. Elle devançait la Russie, dont les lanceurs connaissaient « quelques problèmes de fiabilité », et les États-Unis, « qui avaient misé sur leur navette spatiale », peu adaptée pour l’activité de lancement de satellites, expliquait Christophe Bonhomme, ingénieur au Centre national d’études spatiales (Cnes), l’agence spatiale française, dans un article de 2020. Mais la donne a progressivement changé. Après avoir réservé leurs moyens de lancement à leurs besoins nationaux, les autres grandes puissances spatiales, comme le Japon, la Chine et l’Inde, se sont à leur tour positionnées sur le marché commercial mondial. À côté de ces acteurs étatiques ont émergé des entreprises privées, comme l’américaine SpaceX et la chinoise OneSpace. Tous sont attirés par le développement du marché des satellites, dont les applications sont de plus en plus nombreuses, par exemple avec l’essor attendu des objets connectés et du véhicule autonome.

186
lancements dans l’espace
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En 2022, le lancement spatial a atteint un nouveau record avec 186 lanceurs envoyés dans l’espace (179 avec succès), en hausse de 27 % par rapport à 2021, selon les données [PDF] du Cnes. Les États-Unis sont la première puissance en nombre de tirs (87 lancements, dont deux échecs) avant la Chine (64 lancements, dont deux échecs). L’Europe figurait à la cinquième place (six lancements, dont un échec).

Le modèle de SpaceX

Depuis 2017, SpaceX domine le secteur des lancements spatiaux (61 en 2022). Pour s’imposer sur le marché commercial, elle a cassé les prix de l’accès à l’espace. Elle a pu y parvenir en réduisant le coût de production de ses lanceurs grâce à « l’innovation industrielle » et à « la rupture technologique », analysait la Cour des comptes française, chargée du contrôle de la dépense publique, dans un rapport de 2019 [PDF]. L’innovation industrielle a consisté à produire son lanceur en grande série sur un même site, là où les lanceurs Ariane sont développés sur plusieurs sites européens. La rupture technologique a été de mettre au point un lanceur dont au moins un étage est réutilisable, une piste qui a longtemps été considérée en Europe comme une « fausse bonne idée » du point de vue financier, selon Christophe Bonhomme. En effet, pour que la réutilisation produise des économies, plusieurs facteurs doivent être maîtrisés, comme le coût de remise en état de l’étage récupéré. Aujourd’hui, le Cnes estime que la réutilisation du premier étage d’un lanceur permet un gain économique d’environ 30 % à 50 % sur le coût d’un lancement.

Le lancement des petits satellites

Le marché des petits satellites (moins de 500 kg) est en plein développement. Pour répondre à cette demande émanant de gouvernements, d’entreprises, de laboratoires de recherche ou encore d’universités, de plus en plus de start-up développent des microlanceurs, c’est-à-dire des lanceurs inférieurs à 30 mètres de haut, expliquait l’ingénieur Vincent Bertrand-Noel dans un article de 2021. Toutefois, « la solution la plus économique pour lancer des petits satellites reste, à ce jour, la position de passager auxiliaire sur les lanceurs » traditionnels, affirmait le Sénat français dans un rapport de 2019. Cela signifie que sur un lanceur, en plus du « passager principal », soit le plus souvent un satellite de poids important, plusieurs « passagers auxiliaires » sont installés, tels que des cubesats (satellites d’environ 1 kg), des nano-satellites (moins de 60 kg), des micro-satellites (60 à 200 kg) et des mini-satellites (200 à 500 kg). Ariane 6 a été conçue pour proposer de tels services. SpaceX les commercialise déjà. En France, tout lancement de satellite doit faire l’objet d’une autorisation délivrée par le ministre des Armées, également chargé de l’espace.

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Pour aller plus loin
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COÛT D’UN LANCEUR

Dans un article publié en 2022 sur le site The Conversation, l’ingénieure Marie Jacquesson, chef de service au Cnes, explique de manière pédagogique comment sont construits les lanceurs actuels et quels sont les moyens de faire baisser les coûts. Elle aborde la question de leur réutilisation et précise les difficultés qu’elle soulève.

Lire son article.
INNOVATIONS

Dans un article publié en 2018 dans Le Journal de l’école de Paris du management, le chercheur en stratégie Éric Jolivet et le chef de projet au Cnes Grégory Pradels présentent les innovations qui ont transformé le secteur spatial, comme la réutilisation d’un étage par SpaceX ou l’apparition du cubesat, un nanosatellite de la taille d’un Rubik’s Cube. Ils racontent comment ces innovations ont d’abord été considérées avec un certain mépris par les grandes puissances spatiales, dont la France.

Lire leur analyse.
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En chiffres
Le coût des niches fiscales

Les dépenses fiscales, plus communément appelées « niches fiscales », ont coûté 94,2 milliards d’euros à l’État français en 2022, soit l’équivalent de 29,1 % de ses recettes fiscales nettes, selon une note publiée la semaine dernière par la Cour des comptes, chargée du contrôle de la dépense publique. Les dépenses fiscales regroupent l’ensemble des avantages fiscaux et des réductions d’impôt prévus par la loi et susceptibles de bénéficier à certaines catégories de particuliers ou d’entreprises.

En 10 ans, le montant des niches fiscales a progressé de plus de 30 % (environ 16 % en euros constants, c’est-à-dire corrigé de la variation des prix). Rapportée au PIB (production totale de biens et de services), cette dépense est toutefois restée relativement stable depuis 2013, passant de 3,4 % du PIB à 3,6 % en 2022. Le coût des niches fiscales baisse depuis 2020 en raison de la disparition du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Destiné aux entreprises, le CICE est en cours d’extinction depuis sa transformation en allègement pérenne de cotisations sociales pour les employeurs en 2019.

Il existe 465 niches fiscales, selon le projet de loi de finances pour 2023. En 2022, 90 % d’entre elles étaient concentrées sur l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les sociétés et la TVA, précise la Cour des comptes. Les principales niches fiscales étaient le crédit d’impôt en faveur de la recherche (7 milliards d’euros), le CICE (6,2 milliards) et le crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile (5,7 milliards).

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Le mot dans l’actu
OGM
POURQUOI ON EN PARLE.

La Commission européenne, codétentrice du pouvoir exécutif de l’UE avec les États membres, a adopté mercredi dernier une proposition pour autoriser la mise sur le marché de plantes issues de nouvelles techniques génomiques (NGT). Elle propose de traiter comme des plantes classiques celles qui sont issues de NGT n’utilisant pas la transgénèse, la technique utilisée pour produire des OGM. Cette proposition doit désormais être examinée par le Parlement européen et le Conseil européen, qui réunit les dirigeants des États membres de l’UE, avant d’être votée.

EN QUOI ÇA CONSISTE.

Un organisme génétiquement modifié (OGM) est un être vivant dont le matériel génétique a été modifié pour lui conférer une nouvelle propriété telle que la résistance à un insecte. Cette transformation est obtenue par la transgénèse, technique qui consiste à introduire dans l’organisme un gène qui lui est étranger (issu d’une espèce non croisable naturellement).

En France, la culture commerciale des OGM est interdite depuis 2008. Le dernier essai en champ d’OGM remonte à 2013. En revanche, une centaine d’OGM (maïs, soja, colza, etc.) sont importés légalement dans l’UE, et donc en France, pour l’alimentation humaine et animale. La réglementation européenne impose aux industriels d’indiquer sur les produits la présence d’OGM dès lors qu’ils en contiennent plus de 0,9 %. Toutefois, cet étiquetage ne s’applique pas aux produits (lait, viande, œufs) issus d’animaux nourris aux OGM.

L’UE a adopté sa réglementation sur les OGM en 2001, date à partir de laquelle se sont développées les NGT. Ces nouvelles techniques produisent des organismes qui sont modifiés génétiquement, mais pas nécessairement en ajoutant des gènes étrangers. Les défenseurs des NGT n’utilisant pas la transgénèse, comme la Commission européenne, valorisent l’apport économique de ces plantes, censées être plus résistantes au changement climatique ou aux ravageurs. À l’inverse, les opposants, comme l’ONG de défense de l’environnement Greenpeace, estiment que leur utilisation, risquée pour l’environnement et la santé, renforce une poignée de multinationales comme l’entreprise d’agrochimie Monsanto, propriété de Bayer.

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À vous de jouer
Quand la Chine est-elle devenue la deuxième puissance économique mondiale ?
2005
2010
2015

Ce numéro a été confectionné par Céline Boff, Nicolas Filio et Laurent Mauriac.

GLOSSAIRE
Retrouvez dans notre glossaire les notions abordées dans cette édition :
Chiffre d’affaires, Cotisations sociales, PIB, Pouvoir d’achat, Organisation mondiale du commerce, Banque mondiale, Cour des comptes, Assemblée générale, Droits de douane, Compétitivité, Filiale, Crédit d’impôt, Coentreprise, Concurrence, Projet de loi de finances, Impôt sur les sociétés
                                                                   
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